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  • Photo du rédacteurPhilippe Fabry

Libye, Biélorussie, Himalaya : La situation se tend partout

Je me livre aujourd'hui à un simple exercice de veille, ayant récemment expliqué que je n'enlevais rien à aux prévisions de confrontation géostratégique mondiale que je prévois depuis des années.


La crise du coronavirus étant entrain de s'apaiser quelque peu, les grandes manoeuvres reprennent avec d'autant plus de force. Sans ajouter grand-chose aux analyses de fond que j'ai déjà, pour l'essentiel, formulées depuis des années, il s'agit ici seulement de suivre les derniers développements.


D'abord, sur le "front" est-européen, celui des ambitions russes, la question de l'annexion de la Biélorussie par la Russie, dont on a vu durant l'année passée qu'elle correspond à une volonté de plus en plus pressante de Vladimir Poutine, qui espère ainsi à la fois se faire plus menaçant pour l'Europe en portant la frontière russe sur la Pologne, et encercler de la sorte les pays baltes et l'Ukraine, a franchi une nouvelle étape. En effet, la fourniture de gaz est le principal levier qu'utilise Poutine pour faire pression sur la Biélorussie depuis un an, et imposer une annexion de fait dont Loukachenko, dictateur biélorussie en place depuis presque 30 ans, ne veut pas. Loukachenko, aux abois, viens de recourir à une arme très dangereuse dans la négociation : passer commande d'hydrocarbures auprès des Etats-Unis. C'est extrêmement dangereux car, si cela lui permet de réduire sa dépendance envers la Russie et d'expliquer à Poutine quelque chose comme "attention, si vous insistez, je peux aussi bien me vendre à l'Occident", le premier réflexe du Russe risque d'être d'organiser un putsch à Minsk par peur de voir la Biélorussie tomber comme l'Ukraine en 2014.


Autre front en train de s'ouvrir : en Libye, la Turquie d'Erdogan était en plein déploiement de troupes et de matériel avant l'épidémie de Covid-19, pour soutenir le gouvernement tripolitain et s'implanter en Méditerranée occidentale, dans l'espoir de prendre le contrôle des flux migratoires via la Libye et ainsi de se rendre maître de l'essentiel des routes migratoires vers l'Europe, se dotant d'une capacité inédite de chantage contre l'UE. Ces déploiements se poursuivent actuellement, mais la nouveauté est l'arrivée dans les territoires contrôlés par l'ennemi du gouvernement tripolitain, le maréchal Haftar, d'au moins un Mig-29 russe. Certes, le soutien russe à Haftar était patent depuis des mois, avec le déploiement de dizaines voire centaines de mercenaires du groupe russe Wagner, outil commode de guerre hybride, mais l'arrivée de forces de frappe aérienne sonne comme le signal d'une volonté d'engagement plus poussée, d'une volonté stratégique équivalente à celle montrée en Syrie. La Libye risque donc fort de devenir un deuxième front de tensions entre Erdogan et Poutine, et multiplier les risques de confrontation.


Enfin, la tension se réveille fortement à la frontière sino-indienne.

Je ne reprendrai pas en détail l'historique de ces dernières années, laissant mes lecteurs reprendre mes anciennes analyses pour identifier les motivations stratégiques indiennes et chinoises sous-jacentes dans ces régions se souvenir que j'avais évoqué en 2016 la forte probabilité dans un avenir proche d'une guerre de frontière sino-indienne, dont j'ai identifié les prémices dans la confrontation du Doklam en 2017. La situation s'est par la suite calmée en apparence, Modi se sachant trop faible pour être trop intransigeant avec Xi, lequel savait qu'un conflit était prématuré.


La Chine, dont je notais il y a quelques mois que le regain d'assertivité indienne au Cachemire l'avait rendue nerveuse, car il menace le précieux corridor économique Chine-Pakistan, qui doit lui garantir un accès aux hydrocarbures du Moyen-Orient via le port de Gwadar, évitant les détroits contrôlés par les Américains (Malacca) et les eaux sous surveillance indienne (Océan Indien) est donc en train de réagir en tentant de prendre des positions stratégiques en territoire indien. 5000 à 1000 soldats chinois se seraient déjà massés, en quelques jours, sur la frontière du Ladakh et de l'Uttarakhand. Une réédition de la confrontation du Doklam est en train de se produire, que des commentateurs estiment déjà plus dangereuse encore, en raison de l'intérêt du Pakistan pour la même région. On parle des incidents de frontière les plus graves depuis le conflit de Kargil avec le Pakistan en 1999.






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